Une deuxième saison annulée ?

4 mai 2005 - Hockey, NHL, Magazine

Une deuxième saison annulée ?


La NHL toujours incertaine de reprise (Panoramic)

Depuis le 16 février dernier, date de l’annulation officielle de la saison NHL 2004-2005, les discussions entre la Ligue et l’association des joueurs, aussi rares sont-elles, n’aboutissent toujours pas. L'instauration d'un plafond salarial continue de diviser joueurs et propriétaires, chacun campant sur ses positions. Le «Lock-out» n’est donc pas prêt d’être mis à mort, au point de menacer la saison 2005-2006 ?

Par Gaspard Bremond

«Le talent, ça ne se perd pas. Je n’ai pas joué au hockey de l’hiver, mais j’ai gardé la forme.» Martin Brodeur, gardien des Devils du New Jersey, actuellement en Autriche avec la sélection canadienne lors des Championnats du monde, a beau essayer de rassurer ses fans, tenter de minimiser la coupure; le talent, un jour ou l’autre, si le conflit perdure, il le perdra, qu’il le veuille ou non. Et aujourd’hui, à en constater l'évolution des dernières discussions, le goal du New Jersey est parti pour un nouvel hiver à la maison.

La Draft annulée
16 février 2005, Gary Bettman annonce officiellement l’annulation complète de la saison. Une première dans l’histoire d’un sport professionnel américain. Raison officielle : aucun accord n’a été signé entre les joueurs et les propriétaires de clubs, la convention collective, nécessaire pour débuter une saison, n’a donc pas été signée. Ce jour là, le commissaire de la Ligue s’exprime d’un ton grave et solennel, tout en promettant une reprise des négociations, «pour trouver au plus vite un accord.» Un peu plus de deux mois plus tard, aucune solution n’a encore été trouvée, et la saison 2005-2006 fait maintenant figure d’utopie. Dès lors, des questions «pratiques» ont fait surface. Devait-il y avoir une Draft en l’absence de saison prochaine ? Fin mars, ce même Gary Bettman tranchait en annulant le déplacement à Ottawa, synonyme de Draft, tout en n’excluant pas de tenir celle-ci via le téléphone, si un accord devait intervenir avant juin.

Autre point d’interrogation : devait-on faire appel aux joueurs de remplacements, appartenant aux équipes réserves, en cas de blocage du conflit ? Un temps envisagée, cette hypothèse semble aujourd’hui abandonnée, Gary Bettman a en effet exclu cette possibilité, annonçant que «si nous (la Ligue et l’AJNHL) n'arrivions pas à un accord, alors nous ne débuterions pas la saison à temps.» Bref, seul un accord entre les joueurs professionnel peut déboucher sur une nouvelle saison. Pas question donc, de voir des substituts porter les chandails officiels, en guise de lot de consolation.

Goodenow contesté
Si Gary Bettman est, depuis le début du conflit, présenté comme un obstacle à un dénouement rapide, Bob Goodenow, directeur exécutif de l’association de joueurs, connaît depuis peu un très net fléchissement de sa côté de popularité. Il a perdu le soutien du monde professionnel, de nombreux joueurs se sont alors exprimés contre leur représentant officiel, en allant jusqu’à le critiquer ouvertement, pour au final, évoquer sa propre démission. Entre les deux principaux acteurs du «Lock-out», le courant, tendu depuis septembre dernier, ne passe plus du tout, et le dialogue s’avère alors difficile, presque impossible.

Néanmoins, tout n’est pas noir, et rien ne sert de sombrer dans un pessimisme avant-gardiste. Au rayon des «bonnes nouvelles», les discussions devraient reprendre. Bettman et Goodenow, aussi inefficaces peuvent-ils être, se rencontreront deux fois par semaine en mai. Au Québec, un grand sondage populaire, né à l’initiative du Réseau des Sports et du Journal de Montréal, a confirmé que le hockey passionnait encore. Près de 40 000 personnes se sont mobilisées, en proposant par exemple une NHL à 26 équipes, six matches de moins par saison, Wayne Gretzky au poste de commissaire de la Ligue. Enfin, dans les prochains jours, espérons-le, toute une génération de joueurs âgés (Yzerman, Shanahan, Hull etc..), pressés de revenir au jeu pour éviter toute retraite anticipée, muets jusque là, s’exprimeront. Franc parlé à l'appui, ils pourraient alors faire évoluer les débats. Parce qu'une chose est sûre : le hockey ne mérite pas ça.

oh non pas ça